Site du Contrôleur Général des Lieux de Privation de Liberté

Rapport de la deuxième visite du centre éducatif fermé d’Allonnes (Sarthe)

Synthèse

Le centre éducatif fermé d’Allonnes bénéficie d’un
immobilier vaste et suffisant, avec des chambres individuelles comportant
douche et toilettes et de nombreuses salles pour les activités. Ses dotations
lui permettent d’assurer ses missions et d’entretenir les bâtiments, avec une
activité stable depuis plus de dix ans.

Le centre compte douze places, dont trois désormais
réservées aux jeunes filles mineures déférées devant le pôle anti-terroriste du
TGI de Paris. Dix jeunes étaient présents au moment du contrôle, dont une
première fille depuis un mois. Le recrutement géographique est large et les
séjours plutôt durables, avec un taux d’occupation de 80,11 %.

Les adaptations du projet d’établissement relatif à la
mixité sont en cours et devront rapidement permettre une prise en charge validée
du nouveau public accueilli.

Les contrôleurs ont constaté une forte professionnalisation
des salariés depuis le précédent contrôle, avec une formation continue soutenue
et une supervision mise en place. Les procédures internes sont développées et
l’organisation institutionnelle structurée par de nombreuses réunions. Le
règlement de fonctionnement et le livret d’accueil ont à cœur de respecter les
droits des mineurs et de leur apporter l’information nécessaire.

Les dossiers individuels des jeunes accueillis sont bien
tenus, même s’ils traduisent la discontinuité des prises en charge et un
morcellement des parcours institutionnels, avec une perte d’information
régulière « sur l’avant et l‘après centre. »

Les procédures d’admission sont respectées avec l’absence de
fouille à corps. L’élaboration du projet individuel traduit de bons échanges
entre professionnels ; le cahier de transmissions est bien rempli et le
programme est signé par le jeune et parfois également par ses parents.

La famille représente d’ailleurs une préoccupation majeure
de l’institution, qui a un projet de transformation d’un ancien bâtiment en
maison d’accueil des familles. Les entretiens avec les familles sont facilités,
et la mise en place d’une « référente famille », par ailleurs psychologue,
apporte une plus-value indiscutable. Les parents sont présents aux deux
réunions de suivi des jeunes. Pour ceux qui n’ont pas de famille chez qui aller
le week-end, l’établissement a permis le placement en famille d’accueil.

Les contrôleurs ont constaté une grande souplesse dans
l’organisation du quotidien et dans la prise en charge individuelle, ainsi que des
discussions pertinentes autour des incidents et de la sanction qui reste
adaptée au cas par cas. Seule l’organisation des différents types de repas
proposés pose question ; l’établissement est désormais inscrit dans un
groupe de travail afin de déterminer, avec la direction interrégionale de la
PJJ, une doctrine conciliant la faisabilité pratique et le respect de la
liberté de conscience et de la laïcité.

De nombreuses sorties à l’extérieur sont organisées et
beaucoup d’activité permettent une occupation des jeunes toute la semaine.
L’insertion professionnelle fait l’objet d’un partenariat extérieur développé
avec volontarisme et l’accès à la santé ne souffre pas de difficultés.

L’établissement semble ainsi soucieux du respect des droits
fondamentaux des mineurs et bénéfice d’une attention particulière de l’ensemble
des autorités judicaire, préfectorale et de la protection judiciaire de la
jeunesse.