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Rapport de visite du pôle de psychiatrie du centre hospitalier universitaire de Caen (Calvados)

Rapport de visite du pôle de psychiatrie du centre hospitalier universitaire de Caen (Calvados)

Le rapport de visite a été communiqué, conformément à la loi du 30 octobre 2007, au ministère de la santé auquel un délai de huit semaines a été fixé pour produire ses observations. A la date de publication de ce rapport, aucune observation n’a été produite.

Suivi des recommandations à 3 ans – Pôle de psychiatrie du centre hospitalier universitaire de Caen

 

Synthèse

Quatre contrôleurs ont effectué une visite du pôle psychiatrique du centre hospitalier universitaire de Caen (Calvados) du 11 au 14 avril 2016.

Un rapport de constat a été adressé au directeur général du centre hospitalier qui a transmis par courrier du 18 janvier 2017 ses observations, lesquelles ont été prises en considération pour la rédaction du présent rapport.

Le centre hospitalier universitaire compte dix pôles cliniques et médico-techniques dont un pôle de santé mentale et addictologie qui concerne seulement les patients adultes, les enfants et adolescents étant rattachés au pôle femmes-enfants. Le pôle santé mentale et addictologie couvre un secteur de psychiatrie de 105 000 habitants qui comprend le centre Esquirol et les urgences psychiatriques, le centre d’accueil médico-psychologique (CAMP) situé à Hérouville-Saint-Clair et deux antennes de consultation à Ouistreham et Douvres-la-Délivrande.

Le centre Esquirol comprend quatre unités d’hospitalisation à temps plein pour adultes dont l’unité ouverte de crise et de post urgence qui accueille les personnes en situation de crise suicidaire. Ainsi seules trois unités accueillent des patients en soins sans consentement. Deux unités sont ouvertes avec quarante et un lits et la troisième, l’unité de soins intensifs, est fermée et dispose de quatre lits et de deux chambres d’isolement. Les adolescents sont hébergés sur un autre site dans une unité ouverte et aucun ne reçoit de soins contraints. L’activité est forte puisqu’en 2015 ce sont 844 adultes qui ont intégré le pôle psychiatrie (avec 161 personnes en soins contraints) et 574 mineurs qui ont été admis en pédopsychiatrie.

Les contrôleurs ont pu constater que le personnel soignant était attentif, bienveillant et soucieux d’offrir aux patients un parcours de soins tout à fait individualisé. L’ambiance est apparue assez sereine grâce notamment à la mise en place de protocoles destinés à anticiper pour mieux évaluer et gérer les phases de crise ou de violence, permettant ainsi d’éviter l’isolement et la contention. L’absence de sanitaires en chambre d’isolement porte atteinte à la dignité du patient et le manque d’un dispositif d’appel porte atteinte à sa sécurité.

L’établissement a montré par ailleurs certaines faiblesses quant à la gestion de la sur occupation, avec notamment le maintien dans l’unité de soins intensifs de patients dont la pathologie devrait leur permettre d’être accueillis dans une unité ouverte en permanence. De même il est apparu peu cohérent que des patients soient orientés vers une clinique privée pour une prise en charge pour des soins somatiques, alors qu’elle pourrait être assurée par les médecins spécialistes du CHU tout proche. Le manque de personnel ne permet pas par ailleurs d’offrir aux patients des activités suffisantes alors que l’établissement dispose de locaux vastes et disponibles. Le sujet portant sur les modalités d’accès au tabac pour les patients hébergés à l’unité de soins intensifs, reste une source de conflits et de tensions, car la réflexion n’est pas aboutie.

Enfin des efforts importants sont à faire pour que les registres de la loi soient correctement et utilement renseignés.