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Rapport de visite du centre éducatif fermé de Bruay-la-Buissière (Pas-de-Calais)

Rapport de visite du centre éducatif fermé de Bruay-la-Buissière (Pas-de-Calais)

Observations du ministère de la justice – CEF de Bruay-la-Buissière

Suivi des recommandations à 3 ans – Centre éducatif fermé Bruay-la-Buissière

 

Synthèse

Le centre éducatif fermé (CEF) de Bruay-la-Buissière est implanté dans un site qui a reçu des établissements de la PJJ depuis très longtemps : centre d’éducation surveillée, unité pédagogique d’intégration, unité éducative d’hébergement collectif. La transformation en CEF en 2012 a conduit à construire un bâtiment supplémentaire destiné à recevoir l’ensemble des bureaux administratifs, en complément d’un bâtiment existant consacré aux activités et à l’hébergement de douze jeunes, garçons et filles, de 15 à 18 ans.

Certaines caractéristiques sont incompatibles avec la fonction de CEF, en particulier un toit facilement accessible (les jeunes y sont déjà montés) et une clôture de 2,50 m avec des pics très dangereux pour les nombreux « fugueurs » (plusieurs fois, des mineurs sont restés suspendus, les mains empalées dans les pics).

L’établissement a connu une fin d’année 2016 mouvementée : viol d’une mineure par un des pensionnaires ; agression physique violente du responsable d’unité éducative, filmée par un jeune et conduisant à son hospitalisation puis sa mutation.

Les contrôleurs ont rencontré des éducateurs apparemment remis de leurs émotions, mais semblant regretter que toute demande de placement des magistrats et de la PJJ soit acceptée. Au moment de la visite du CGLPL, les mineurs placés étaient huit garçons de 16 à 17 ans et une jeune fille qui n’avait pas 15 ans ; la semaine suivante, le CEF devait accueillir à nouveau la mineure qui avait été violée en 2016. Depuis 2014, il est arrivé plusieurs fois par an que treize, voire quatorze jeunes soient placés simultanément, au motif que quelques-uns étaient en fugue « et ne risquaient pas de revenir » et que, par souci de rentabilité, leurs chambres devaient être occupées par d’autres mineurs. Le nouveau responsable d’unité éducative, arrivé trois semaines avant la visite du CGLPL, a déjà été agressé à deux reprises par des jeunes, qui ont filmé l’agression et ne se sont pas vus confisquer leurs portables. En l’absence de tout contrôle au retour de permission (aucun examen du contenu des sacs), tout le monde fume du cannabis et des jeunes sont régulièrement alcoolisés.

Ce CEF présente des contrastes frappants : une structure dangereuse, des placements parfois inappropriés, des documents complets et bien conçus, des éducateurs motivés mais pas toujours en accord avec les principes de la direction.