Site du Contrôleur Général des Lieux de Privation de Liberté

Rapport de la deuxième visite du centre éducatif fermé de Narbonne (Aude)

Rapport de la deuxième visite du centre éducatif fermé de Narbonne (Aude)

Observation du ministre de la justice – CEF de Narbonne (2e visite)

 

SYNTHESE

En application de la loi du 30 octobre 2007 instituant le Contrôleur général des lieux de privation de liberté, trois contrôleurs ont effectué une visite inopinée du centre éducatif fermé de Narbonne (Aude), du 4 au 6 août 2015. Cette visite du CGLPL était la seconde, une première ayant eu lieu en septembre 2012.

Le centre éducatif fermé (CEF) de Narbonne, ouvert en 2007, a vu sa gestion confiée au secteur associatif par la protection judiciaire de la jeunesse. Bâti pour accueillir douze jeunes garçons de 16 à 18 ans, le CEF en hébergeait dix au jour de la visite, dont l’un se trouvait en fugue. Sa localisation, à la périphérie immédiate de la ville de Narbonne, offre un accès aisé à divers partenariats professionnels et à de nombreuses activités, la proximité de la mer développant encore les possibilités en la matière.

Les contrôleurs ont pu observer la difficulté de gérer ce type de public, toujours prompt au chahut voire à l’affrontement, nonobstant l’implication et le grand dévouement de l’équipe éducative, à laquelle il convient d’adjoindre la maîtresse de maison, le personnel soignant, les formateurs et les veilleurs de nuit. En outre, le directeur (absent pendant cette période mais contacté téléphoniquement à deux reprises) est en poste depuis 2008 et développe un intérêt réel et profond pour son établissement.

Au final, des points positifs émergent, parmi lesquels la réalisation récente d’un gymnase intra-muros, de remarquables actions de formation (cuisine, menuiserie, fer), une bonne cohésion au sein du personnel qui entraine la cohérence du projet pédagogique et une grande ouverture sur l’extérieur à travers des stages en entreprise, des activités ludiques, etc.

Il reste néanmoins des voies d’amélioration, avec en premier lieu des critères d’admission au sein de centre qui mériteraient d’être éclaircis.

Par ailleurs, les contrôleurs ont noté le manque de formalisme et d’écrits accompagnant le dossier de suivi individuel de chaque mineur, les rapports éducatifs en étant le plus souvent absents. Il conviendra d’y remédier car ce dossier est le seul outil fiable d’évaluation de l’évolution du jeune, en particulier au titre du DIPC (diagnostic individuel de prise en charge). En revanche, le cahier (commun) de liaison entre les éducateurs est régulièrement rempli mais son exploitation demeure incertaine, tant les commentaires sont divers.

D’autres pans de l’organisation ou du fonctionnement internes sont à retravailler collectivement : accès au tabac, intimité des communications téléphoniques familiales, suppression des permissions familiales à titre de sanction, utilisation de la chambre réservée aux sortants proches, etc.

Enfin, il convient de relancer à bref délai une initiative locale positive, interrompue en 2015 faute d’intervenant, la psycho-boxe, activité permettant d’analyser et de gérer sa violence, en gagnant en tempérance. Face au comportement déroutant et impulsif des jeunes rencontrés pendant leur séjour, les contrôleurs considèrent cette prestation comme adaptée.

Le centre devra également explorer d’autres champs, afin d’améliorer le bien-être physique et mental des jeunes pensionnaires : médiation animale, psychomotricité, relaxation, espace de silence, etc.