Site du Contrôleur Général des Lieux de Privation de Liberté

sécurité et dignité

Le Contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL) a rendu public son quatrième rapport annuel (activité 2011) lors d’une conférence de presse le mercredi 22 février 2012.

 

Aujourd’hui, le CGLPL est installé dans le paysage. Fort de plus de trois années de visites approfondies des lieux d’enfermement, le contrôleur et ses équipes en ont acquis une certaine familiarité et ont une connaissance détaillée de leur état, de leur fonctionnement et de leur organisation. Familiarité nécessaire pour accomplir leur mission : rendre compte objectivement de la réalité de ces lieux.

Interrogé lors de la conférence de presse sur les réponses que peuvent lui apporter les candidats actuels à l’élection présidentielle, Jean-Marie Delarue a indiqué n’avoir été approché par aucun d’entre eux.

Or, après avoir rappelé durant la conférence de presse la lente dérive du système pénitentiaire qui, dans un contexte sécuritaire, tend à ne se fonder que sur la seule dangerosité supposée des personnes détenues qui amène à les traiter non plus seulement en fonction de ce qu’elles ont fait, mais de plus en plus en fonction de ce qu’elle pourraient faire, Jean-Marie Delarue a invité les candidats à trouver un « équilibre entre sécurité et dignité ».

« Les candidats se préoccupent de sécurité des Français ? Très bien, je ne le leur reproche pas ; moi aussi je m’en préoccupe. Mais c’est justement parce que je m’en préoccupe que je dis que si on oublie de se préoccuper dans le même temps de la dignité des captifs, la sécurité des Français n’est pas assurée. Comme l’a dit un psychiatre, si on traite les gens comme des bêtes fauves, elles deviennent des bêtes fauves. Alors si on ne traite pas dignement les personnes privées de liberté durant leur temps d’enfermement, dans quel état sortiront-elles ?

Je préfère le postulat selon lequel si une personne est convenablement  traitée en détention, c’est-à-dire traitée selon le respect des ses droits fondamentaux -qu’elle est en droit d’attendre-, elle a beaucoup plus de chance de s’amender que si elle est mal traitée.  Ce déterminisme, que d’aucun trouveront un peu plat, vaut mieux que n’importe quelle échelle de mesure de la dangerosité qui fait passer l’individu de sujet à objet ; du diagnostic au pronostic ; de l’exécution de la peine à la prévention de la récidive.

Pourquoi interpeller les candidats ? Parce que l’opinion sur ces questions-là doit bouger et prendre conscience que ce n’est pas en fermant les yeux qu’on efface la réalité, même la réalité des lieux clos. »